Le coup qui assomme : la rupture

Tu viens d’encaisser un direct en plein menton. Tu ne l’as pas vu venir, ou peut-être que si, mais ça ne change rien pour l’instant : tu es au sol.
Et ce n’est pas seulement une douleur sentimentale. C’est l’orgueil qui s’effondre, la confiance qui se fissure, la dignité qui se fait piétiner.

On t’a quitté. Pire : tu as été trahi. Et là, quelque chose explose à l’intérieur. La colère. Elle est là, brute, animale, prête à mordre. Tu te surprends même à ressentir une forme de haine.

Ne fais pas semblant de ne pas comprendre de quoi je parle.
Tu sais exactement.

Tu penses à lui/elle et ton cœur accélère, mais pas pour de l’amour. Pour de la rage. Tu penses à sa trahison, tu as des images très précises dans la tête. Tu te surprends même peut-être à comprendre comment un esprit fragile peut parfois en arriver à commettre un crime passionnel.

 Le visage de la colère

Regarde-la en face, cette colère.
Ne la déguise pas, ne la maquille pas, ne la refoule pas au fond du vestiaire.

Parce que cette émotion-là, tu ne peux pas l’éviter.
Tu peux essayer de t’étourdir, de faire semblant que tout va bien, mais tu sais quoi ? Elle reviendra frapper plus fort dès que tu baisseras la garde. La nier ne mène à rien, n’en fais pas un tabou, même si ta part la plus éduquée a honte de ressentir ce que tu ressens. Inutile de vouloir sauver la face en prétendant trop vite que tu lui pardonnes, que tu es au-dessus de ça. On va dire les choses, vraiment, ne serait-ce que devant la glace : oui, ton ex a peut-être très mal agi vis-à-vis de toi. D’accord, ce n’était peut-être pas contre toi. Il n’empêche : c’est dégueulasse. Ton premier élan, c’est la fureur.

Tu ressens ce poison dans les veines qui te pousse à vouloir rendre les coups.
À punir. À crier. À humilier en retour. Comme si faire mal allait te guérir.

Mais soyons clairs : ce qui nous traverse dans ces moments-là n’est jamais une bonne stratégie.
On constate très souvent ce phénomène pendant les combats : celui qui prend un coup, piqué physiquement comme dans son ego, veut rendre le même dans l’instant. De ce fait, il devient prévisible, facile à contrer. Le combat ne pardonne guère ce manque d’imagination.

Haine ou instinct de survie ?

Posons la question qui fâche : est-ce que tu détestes vraiment cette personne ? Ou bien… est-ce que ton cerveau est en train de te protéger ? Il va falloir aller plus en profondeur.

La colère donne l’illusion de la force. Elle te fait croire que si tu tapes, tu ne souffriras plus. Comme si attaquer supprimait la douleur. Mais c’est un mensonge. Un mécanisme de défense. Une armure fabriquée à la va-vite autour d’un cœur en miettes.

Quand tu dis « je le/la déteste », ce n’est souvent qu’une façon de ne pas dire :
« J’ai mal… et j’ai peur que ça ne s’arrête jamais. »

Tu veux punir, mais pose-toi d’abord cette question : après la punition, es-tu certain de n’éprouver jamais de regret ? Es-tu certain que ta fierté sera un baume suffisant pour apaiser ta souffrance lors des moments de solitude qui suivront l’irréparable ? Un conseil : commence par suspendre l’exécution de ta sentence. N’agis jamais dans l’émotion première. Laisse-toi le choix.

Blessure d’ego ou blessure d’amour ?

Tu veux savoir la différence entre ces deux douleurs-là ?

L’ego blessé veut gagner. Il veut se venger, il veut prouver qu’il est plus fort. Il veut passer à autre chose en claquant la porte. Peut-être même qu’une part de toi est soulagée.

Le cœur blessé… Lui, il veut comprendre, même s’il saigne. Et malgré tout ce qu’il a reçu, il aime encore.

Voilà le vrai dilemme :
Si ton ego seul était touché, tu n’aurais aucune raison de revenir vers cette personne. Tu la rayerais de ta vie avec un sourire froid. Tu aurais senti avant ce jour que le processus était inéluctable, et tu serais au moins en partie heureux de le voir enfin s’achever et te rendre ta liberté. Comme après une longue et douloureuse maladie.

Mais si tu souffres profondément, si chaque souvenir te serre la gorge, si tu ne peux t’empêcher de voir cet évènement comme un accident, comme une erreur qui aurait pu être évitée, alors oui, c’est que l’amour est encore là.

Une question cruciale peut t’aider à y voir clair : est-ce que, si tu en avais le pouvoir, tu remonterais le temps pour corriger tes erreurs, celles qui ont joué un rôle dans cette séparation ? Si la réponse est oui, c’est que tu aimes encore ton ex et qu’une part de toi sait que tu n’es pas juste une victime.

Maîtriser le feu intérieur

On ne te demande pas d’étouffer ta colère. On te demande de la dompter.

Être quitté, surtout quand il y a eu trahison, réveille tes pulsions les plus sombres. Le problème, c’est que si tu obéis à ces pulsions, tu perds. Parce que chaque message impulsif, chaque reproche, chaque mot de trop… Ce n’est pas ton ex que tu frappes. C’est ton avenir avec lui/elle que tu détruis.

Tu veux le/la reconquérir ?
Tu veux retrouver ce lien, cette complicité ?
Alors écoute bien : Tu n’es pas là pour gagner une guerre. Tu es là pour regagner un cœur.

Deux stratégies complètement opposées.

On va être clair : ce que tu as envie de faire là, tout de suite, c’est probablement la pire idée possible.

Envoyer un pavé de reproches ? Mauvais.
Appeler en pleurant ? Mauvais.
Harceler pour obtenir des explications ? Très mauvais.
Publier des piques sur les réseaux sociaux ? Ridicule.
Sortir avec n’importe qui juste pour « montrer » ? Pathétique.

Tout ça, c’est l’émotion qui tient la barre. C’est la version de toi qui vient de se faire briser et qui ne pense qu’à une chose : réduire la douleur, coûte que coûte.

Mais chaque réaction incontrôlée te fait perdre du respect,
de sa part… et de la tienne. Accroche-toi à cette vérité malheureuse : on peut regagner le cœur de quelqu’un dont on a perdu l’amour, mais on ne le regagne jamais si on a perdu son respect.

Redevenir le stratège

Tu n’es pas sur le ring contre ton ex mais contre toi-même.
Ce combat-là est le plus difficile de ta vie.

Mais tu as une arme que trop de gens oublient : la maîtrise de toi.

En reconquête amoureuse, le cœur veut courir, la raison veut marcher, et la peur veut tout casser.

Si tu aimes encore, si tu veux reconstruire, alors chaque décision doit être intelligente, réfléchie et alignée avec ton objectif. La colère est une énergie .Tu peux l’utiliser pour frapper dans les murs… ou pour devenir quelqu’un de meilleur.

À partir d’ici, tu dois choisir ta voie :

L’ego :
Tu frappes, tu détruis, tu brûles tout.
Tu te racontes que tu t’en fous.
Tu te mens.
Et tu finis seul(e), amer(ère), et toujours blessé(e).

L’amour :
Tu te reconstruis.
Tu grandis.
Tu apprends à encaisser sans exploser.
À ressentir sans réagir.
À pardonner, aussi, peut-être, quand tu le pourras.

Le premier chemin paraît plus facile. Mais il ne mène nulle part. Le deuxième est un vrai combat. Mais c’est le seul qui ait une chance de ramener la victoire.


Tu n’es pas faible parce que tu souffres.
Tu es en plein chaos émotionnel.
Mais tu peux être maître de ce chaos.

N’attends pas de trouver la paix du pardon pour agir dans le bon sens, car cette élévation arrive presque toujours trop tard. Je repense souvent à cette dame qui, à près de 70 ans, seule et souffrant de l’être, me disait que si c’était à refaire elle pardonnerait l’infidélité de l’homme qu’elle avait autrefois chassé de sa vie, que ce n’était pas si grave au fond, en tout cas que ça ne méritait pas la punition qu’elle s’était elle-même infligée. Le pardon finit souvent par nous rattraper, mais il n’est plus temps de sauver quoi que ce soit. On s’en sert tant bien que mal pour la suite, dans le meilleur des cas, pour les nouvelles expériences. « Ah si j’avais su… » Ne laisse pas cette phrase conclure ton existence.

Regarde-toi dans la glace. Tu sais que tu vaux mieux que des coups bas. Tu sais que tu as de l’amour à offrir. Tu sais que tu peux faire mieux que laisser ton cœur exploser comme une grenade.

Alors relève-toi.
Serre les poings et bats-toi.

Tu n’as peut-être pas choisi ce combat, mais tu peux encore le gagner.

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